« S’il y a des agents de sûreté privée très identifiables sur terre, nos collègues cynophiles en font forcément partie.
Leur tenue ? Un battle-dress immanquablement. Leur « binôme » ? Leur compagnon de tous les jours. Leur situation? Des périmètres interminables. Leur mission ? Veiller seul devant les bâtiments historiques que Rouen contient. Protéger les biens des particuliers et entreprises de Normandie ou d’ailleurs. Pour le détail : habitués des chantiers et des grands espaces en construction ou montage, ils bénéficient de très peu de confort personnel. Leur automobile est souvent leur guérite. Ils nous préparent le terrain et nous les croisons plus que nous ne passons de temps à leur côté.
Cette profession est vraiment intéressante car elle réserve des surprises à bien des égards :
- Elle concernait majoritairement des agents dans la trentaine. Aujourd’hui des éléments plus jeunes sont de plus en plus nombreux dans les entreprises ;
- Les « molossoïdes », qui apparaissaient bizarrement un certain temps comme la réponse professionnelle à des délinquants en possédant eux-mêmes, se sont évanouis et la génération montante des Agents Conducteurs de Chiens est revenue aux traditionnelles deux races belges et allemandes ;
- L’éloignement ou la solitude des missions écartait les femmes ; on croisait exclusivement des « Daniel ». Aujourd’hui des « Laura » de plus en plus nombreuses « assument » ;
- On annonçait la mort de ce métier avec la promotion récente des drones. Il n’en est rien. Aujourd’hui les chiens disposent d’une couverture de santé ;
- Les employeurs en sûreté pensaient, il y a quelques années, que les chiens de travail seraient à leur charge (avec chenil en entreprise) ; ils sont aujourd’hui toujours sous celle des agents cynophiles.
Pourquoi le métier d’agent cynophile résiste-t-il aux assauts réels ou fictifs du temps, de la réglementation ?
D’abord car il suppose une disponibilité financière (4 mois de formation + un Chien de travail) ; puis une disponibilité en temps (entrainements, santé canine, …). Ce n’est pas bien sûr tout le monde qui met en œuvre de tels moyens pour exercer un métier.
Ensuite car ils sont seuls mais très autonomes. Ils «livrent » à des policiers et gendarmes qui comme eux veillent la nuit, les malfaiteurs du moment. Un drone n’arrête personne, il dit où trouver l’intrus ou le suspect.
Pour finir, on lui connaît la concurrence du genre équestre. Certes le cheval est vécu comme sympathique objet de spectacle par nos publics alors que le chien vaut un prudent détour. Mais là encore la question financière et de formation se pose de façon écrasante. Sans compter que son transport est une opération particulière en soi.
Ils sont, bien souvent, les agents qui s’attachent les plus régulièrement à peaufiner leur professionnalisme. Ils se côtoient dans leurs clubs canins. Ils sont responsables de leur binôme en matière vétérinaire et réglementaire.
Peu connus, presque dans l’ombre, les agents cynophiles sont des professionnels aux parcours et quotidien aussi intéressant qu’emblématiques. Ils symbolisent les aspects les plus engageants et contraignants de nos métiers. »
Texte tiré du site https://linstitutformation.com/